Dans le Jura, les gardiens Usep de l’intercrosse

« Dans les années 1990, à l’Usep nous avons tous pratiqué l’intercrosse, qui faisait partie d’un pack « activités innovantes » aux côtés du korfbal, de l’ultimate et du tchoukball, se souvient Nathalie Barbounis, qui avant d’être élue nationale fut d’abord animatrice Usep dans son école des Yvelines. L’intercrosse exige toutefois une maîtrise technique qui la rend difficile à pratiquer avant le cours moyen. Ce qui peut expliquer que sa pratique se soit peu à peu perdue. »

Dans le Haut-Jura, le secteur Usep de Lavans-lès-Saint-Claude continue toutefois de la perpétuer. « En alternance une année sur deux avec le badminton, nous proposons à l’automne un cycle d’une dizaine de séances en EPS. La rencontre qui le finalise réunit les CM1-CM2 de nos trois écoles de Lavans, Saint-Lupicin et Ravilloles, au sein d’équipes mélangées », explique Philippe Fayolle, responsable du secteur et enseignant en poste à Lavans depuis 1996.

Si l’intercrosse est aussi appelée « crosse québécoise » – au singulier ou au pluriel –, c’est parce que la discipline a été inventée par des enseignants de la Belle Province. Dans les années 1970, celle-ci y est devenue une alternative éducative aux brutalités du lacrosse, version codifiée d’une pratique traditionnelle amérindienne pouvant s’apparenter à du hockey aérien. À l’intercrosse, tout contact est en effet prohibé, que ce soit entre les joueurs ou les crosses prolongées du petit panier qui permet le jeu de passes.

Importée par des instituteurs québécois

Dans les années 1980, l’intercrosse est ensuite importée dans le Jura par des instituteurs québécois en voyage pédagogique, qui font un tabac auprès de leurs collègues français. Un élu national effectue même un stage outre-Atlantique avant que l’Usep et l’Ufolep n’enclenchent dans le fief de la plasturgie française la fabrication des paniers indispensables à la pratique.

« Nous travaillons beaucoup la passe, la réception et le tir. Au début les enfants ont un peu de mal à manier la crosse : c’est un geste technique et inhabituel pour eux. Mais ils progressent vite, sur le plan tactique et collectif aussi, car il est interdit de marcher et de garder la balle plus de 5 secondes. Et lorsqu’un joueur « couvre » la balle avec sa crosse, tous les autres doivent se reculer à deux mètres. Sinon, en l’absence de protections pour le gardien nous jouons sans, avec de petits buts qui exigent de bien viser. Et chaque enfant expérimente le rôle d’arbitre », précise Philippe Fayolle.

À l’instar de ses collègues, l’enseignant expose aussi, images à l’appui, les origines de ce jeu qui réunissait sur plusieurs jours des tribus des grandes plaines. Ces joutes permettaient aux jeunes hommes de prouver leur bravoure sans s’engager pour autant sur le sentier de la guerre.

Des paniers logotypés Ufolep-Usep

Si la flamme de l’intercrosse continue de brûler dans le Jura quand ailleurs elle s’est éteinte, c’est en partie grâce à la synergie Usep-Ufolep, même s’il ne reste plus que deux clubs affiliés, dont celui de Saint-Lupicin. Mais c’est aussi et surtout parce qu’une fois que la crosse bien en main, la discipline passionne. « Les enfants accrochent et souvent en redemandent. En fin de cycle, il nous arrive même d’autoriser la crosse à la récré, pour de petits matchs. Et comme nous sommes le dernier secteur à pratiquer, nous pouvons désormais garder le matériel départemental à demeure », explique Philippe Fayolle.

Les associations intéressées doivent aussi savoir que la déléguée du Jura, Hélène Grappin, répond toujours aux commandes de paniers logotypés. Si d’ici 2028 vous voyez des enfants jouer à l’intercrosse dans une cour d’école, ne soyez donc pas trop étonnés.

Pédagogie : Intercrosse : situations d’apprentissage, par la circonscription Usep de Neufchâteau (Vosges)

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